Championnat du monde pro WBF : Amand – «La récompense de 15 ans d’efforts»

gaelle amand

Gaëlle Amand est championne du monde professionnelle WBF des poids plumes. Photo : Julien BIGORNE

Après son titre mondial acquis aux points face à la Bosniaque Irma Balijagic-Adler, Gaëlle Amand, «vidée mais heureuse comme jamais», s’est confiée.

Sportspassion 95 : Que représente cette victoire pour toi ?

Gaëlle Amand : C’est la récompense de quinze ans d’efforts, de sacrifices et de sueur. C’est aussi un plaisir et une émotion extraordinaire. Remporter cette ceinture mondiale, à domicile, c’est fabuleux. J’ai senti dès le début le public me pousser. Toute la Ville de Cergy était derrière moi ! C’est un sentiment merveilleux.

Avais-tu étudié ton adversaire en vidéo ? Ta stratégie, similaire à celle de l’Allemande Goda Dailydaite l’an dernier, semble l’avoir complètement déstabilisée…  

– Je n’avais visionné qu’un seul de ses combats en vidéo. Mais son profil était assez clair. Vu sa taille (1,73m), elle a un avantage de l’allonge et sa droite est redoutable. Grâce à ses atouts, la moitié de ses succès a d’ailleurs été obtenue par K-O. J’ai donc changé ma boxe pour la maintenir à distance. Contrairement à d’habitude, je n’ai pas été à la bagarre. Il ne fallait pas chercher à lui rentrer dedans mais savoir remiser et être capable de placer de bonnes accélérations.

Tu as semblé intouchable de bout en bout, sauf peut-être au 5e round. Que s’est-il passé lors de cette reprise ?

– Lors d’un accrochage, j’ai reçu un coup de tête, qui m’a légèrement sonnée. Mais j’ai vite récupérée.

«Je ferai un autre championnat du monde» 

T’attendais-tu à ce verdict des juges ?

– Avant l’énoncé de la décision, je n’en savais vraiment rien. Comme avant le combat, je n’ai pas manifesté d’excès de confiance. Puis est venue la délivrance…

Tu es désormais championne du monde professionnelle, invaincue après 11 combats et dans le top 8 mondial toutes fédérations confondues. Penses-tu refaire à l’avenir un autre Championnat du monde ?

– Je souhaite refaire au moins un autre Championnat du monde. Je peux remettre mon titre WBF en jeu soit face à un challenger soit une autre championne du monde pour tenter de décrocher une nouvelle ceinture et unifier les titres. Mais il est bien trop tôt pour parler de ma prochaine adversaire, de la date de mon prochain combat et de l’option qui sera retenue.

Quels seront tes objectifs, en attendant ton prochain combat ?

– Je veux réussir mes derniers examens pour le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport (BPJEPS). Je souhaite continuer à donner des cours de fitness et de renforcement musculaire 100% féminins trois fois par semaine (le ‘‘concept Move Lady’’) et à proposer des séances de coaching privé à la Tour Ordinal à Cergy.

«Féminité et boxe ne sont pas incompatibles» 

À cet instant précis, à qui souhaites-tu dédier ton titre mondial ? 

– À ma famille, à mes amis qui n’ont cessé de me soutenir, à mes promoteurs et au Rahilou Cergy Boxe qui m’ont proposé cette aventure chez les pros depuis plus de trois ans, à la Ville de Cergy qui a joué un rôle important dans l’organisation de ce combat.

Tu es la cinquième Française en activité à décrocher un titre mondial en boxe anglaise. Penses-tu que les mentalités vis-à-vis de la boxe féminine ont définitivement évolué ?

– Je me souviens qu’à mon premier Championnat de France amateurs en 2001, les filles s’entraînaient dans un placard à balai. C’était un autre temps ! Lors de mon premier combat pro, je me souviens aussi avoir entendu des gens dire de moi : ‘‘Qui est cette poupée Barbie ? Elle va se faire massacrer’’. Une majorité de personnes continuait à penser que féminité et boxe étaient incompatibles. Je pense leur avoir prouvé qu’ils se trompaient. Les mentalités ont bel et bien évolué, même s’il reste beaucoup à faire…

Lors de ta préparation, tu as bénéficié des conseils de Khalid Rahilou (ex-champion du monde) mais aussi du travail de sparring-partner de Myriam Dellal. Cette participation semble avoir été très bénéfique…

– Oui. Myriam m’a aidé à travailler ma puissance, mon explosivité et mes déplacements. Avec elle, j’ai pu peaufiner efficacement ma stratégie face à mon adversaire. J’espère qu’elle aussi aura la satisfaction d’être un jour championne du monde. Son combat pour le titre international WBC des légers aura lieu le 14 décembre à Aulnay face à Anita Torti. Je lui souhaite de s’imposer. Elle le mérite. Propos recueillis par Julien BIGORNE

(Interview publié sur : https://www.facebook.com/julien.bigorne.3 / publication de décembre 2013)