Championnat du monde pro WBF : le grand jour de Gaëlle Amand
Le 30 novembre 2013, Gaëlle Amand disputera le combat de sa vie. La Cergyssoise de 30 ans tentera d’être la sixième boxeuse française sacrée championne du monde professionnelle. Elle rejoindrait Myriam Lamare, Anne-Sophie Mathis, Myriam Chomaz, Nadia Hokmi et Anne-Sophie Da Costa. Le rang des ‘‘légendes’’. La protégée d’Abdel Ilah Rahilou aura l’honneur de défendre ses chances à domicile. Sous un chapiteau installé sur l’esplanade de Paris, l’une des douze stations de l’Axe Majeur conçu par Dani Karavan, 2 500 personnes seront acquis à sa cause. Une pression, mais surtout une motivation supplémentaire pour conquérir la ceinture planétaire des poids plumes (featherweight, -57,153kg) face à la Bosniaque Irma Balijagic-Adler. Et un rêve surtout.
56 combats en amateurs
À ses débuts, il y a quinze ans, la Valdoisienne n’imagine pas disputer une telle rencontre. À l’époque, le simple entraînement est déjà une victoire. «Les réflexions étaient plutôt moqueuses et un brin machos. Voir boxer une fille, ce n’était pas encore ancré dans les mentalités !», se souvient Gaëlle. Les grandes boxeuses françaises pros n’ont pas encore éclos et, en amateurs, le noble art n’est pas encore discipline olympique pour les féminines. Pourtant, la Cergyssoise persévère. Une rencontre la place sur les bons rails. Prosper Dranguet, le charismatique entraîneur du COM Argenteuil (COMA), qui rappelle à plusieurs égards le personnage de Clint Eastwood dans ‘‘Million Dollar Baby’’, lance sa carrière amateurs et lui apprend ‘‘les ficelles du métier’’. Sa formidable droite, sa vitesse d’exécution et son tempérament de battante constituent rapidement sa marque de fabrique. Elle dispute 56 combats en amateurs, devient championne de France en 2004 avec le COMA et médaillée de bronze au tournoi de l’Union Européenne en 2007 avec Chanteloup-les-Vignes. «Comme ma catégorie n’a pas été choisie aux J.O, je suis passée pro», explique la boxeuse, qui rejoint alors le Rahilou Cergy Boxe. Une institution et un modèle pour de nombreux jeunes cergyssois.
Invaincue en dix combats pros
Le club est présidé par Christian Cerdan (cousin du mythique boxeur Marcel Cerdan) et est co-fondé par Khalid Rahilou (sacré champion du monde WBA des super-welters en 1997 en battant Frankie Randall à Nashville, aux États-Unis). Abdel Ilah Rahilou, le frère cadet de Khalid, devient le promoteur de Gaëlle dès ses débuts chez les pros en mars 2010 face à Inès Celik. La suite, la Valdoisienne l’écrit en lettres d’or. Après trois ans de compétitions et dix combats disputés, la Cergyssoise est toujours invaincue chez les plumes. Seule l’Américaine Ronica Jeffrey (13-0, championne du monde IWBF) partage cette particularité du sans-faute dans sa catégorie.
En feuilletant son album de souvenirs, on y trouve plusieurs références. «Le 30 octobre 2010 : seule victoire par K.O face à Cynthia Godbillon. Le 24 novembre 2011 : premier combat dans le Val-d’Oise, au casino d’Enghien, et net succès face à Juliya Cvetkova. Le 28 janvier 2012 : championne de France, à Agadir au Maroc, en battant Stéphanie Ducastel aux points. Et le 14 décembre 2012 : triomphe face à la Hongroise Agota Ilko dans un gymnase des Roulants de Cergy à guichets fermés et ceinture de championne d’Europe EBU». Son plus beau chapitre et son meilleur souvenir l’attendent peut-être ce soir. Ce serait for-mi-dable. Julien BIGORNE
(Article publié le 29 novembre 2013 sur : https://www.facebook.com/julien.bigorne.3)