Championnat du monde pro WBF : O’Connell future adversaire d’Amand ?

Shannon O'Connell


Shannon O’Connell avec ses enfants Cooper et Taylor. Photo : Questnewspapers.

Le 30 novembre dernier à Cergy, Gaëlle Amand a décroché la ceinture mondiale WBF des poids plumes en battant aux points la Bosniaque Irma Balijagic-Adler. Si la représentante du Rahilou Cergy Boxe savourera ce titre quelques mois, de nombreux amoureux du noble art s’interrogent déjà sur son prochain grand combat. La Valdoisienne a principalement le choix entre remettre son titre WBF en jeu face au challenger n°1 de sa fédération ou défier l’une des huit autres championnes du monde de sa catégorie. Si la première option est retenue, l’adversaire de Gaëlle Amand est déjà connue. Ce sera Shannon ‘‘Shotgun’’ O’Connell ! Cette Australienne âgée de 30 ans devait initialement rencontrer et défendre son titre contre Gaëlle le 30 novembre. Mais une blessure (le gonflement d’un disque de son cou) l’a contrainte à laisser son titre vacant, avec la possibilité de tenter de le récupérer en cas de rétablissement.

Au nom du père

La boxeuse de Slacks Creek, dans le Queensland, est une adversaire redoutable, dotée d’une force de caractère peu commune. Sportive prodige, elle aurait pu effectuer une belle carrière en netball (un dérivé du basket féminin). Mais une sérieuse blessure au dos en décide autrement. Durant sa rééducation en 2004, elle pousse la porte d’une salle de sport d’Adelaïde. La boxe anglaise, pourtant interdite aux féminines à cette époque, lui apparaît comme une révélation. «J’étais fascinée par le simple challenge de monter sur le ring et de faire mes preuves. C’est un sport dur, mentalement et physiquement. Tu ne peux pas être une personne normale. Par exemple, je ne peux pas aller dîner ou manger certains aliments, prendre un café avec des amis ou prendre un verre après le boulot. J’ai sacrifié beaucoup de choses pour la boxe. Mais j’ai toujours la même motivation et la rage de vaincre de ce premier jour», a-t-elle révélé récemment.

Cette athlète blonde longiligne veut aussi honorer le nom de son père, Kevin O’Connell (alias K.O.). «C’était l’un des meilleurs pilotes de moto pro d’Australie. Il est décédé en 1985 dans un accident en course, alors que je n’avais que deux ans. Je veux être digne de lui», explique l’Australienne, qui a été élevée par ses grands-parents ; sa mère sombrant dans l’addition à la drogue. Ce drame a forgé sa personnalité de combattante. Avec l’aide de Chris McCullen, un entraîneur réputé originaire de Brisbane, elle devient la meilleure boxeuse amateurs d’Australie, vice-championne du monde en 2010 puis prétendante à une sélection aux Jeux Olympiques en 2012. Mais en décembre 2011, elle fait le choix d’arrêter brutalement sa carrière amateurs. «Les sélectionnés aux J.O. devaient effectuer un stage de cinq mois à l’étranger. Ce n’était pas possible pour moi…», résume-t-elle.

Championne du monde

À cette époque, la boxeuse s’astreint à douze séances d’entraînement hebdomadaires, tout en travaillant 60h par semaine pour rembourser son prêt immobilier et en élevant seule ses deux enfants Taylor (5 ans) et Cooper (6 ans). La vie d’une ‘‘mère courage’’ !
Sa carrière de boxeuse n’est pourtant pas terminée. Grâce à Gareth Williams (un ami) et à Gary Mason (un manager influent de Sydney), Shannon O’Connell passe professionnelle le 15 décembre 2011 et bat Kelly Doherty par K.O. au 3e round. Après une défaite aux points contre la modeste Sara George débute une invincibilité de six combats en treize mois. Déterminée à défier sa prestigieuse compatriote Susie ‘‘Q’’ Ramadan (23v-1d) pour le titre mondial des poids coqs, cette puncheuse est prête à tout. Même aux régimes drastiques et à des privations d’ascètes. Mais la championne du monde n’est pas encline à lui donner sa chance.

Devant ce refus, la boxeuse du Queensland décide de prendre du poids et de monter dans la catégorie des poids plumes, en novembre 2012. Sa puissance et sa rapidité d’exécution lui valent le surnom de ‘‘Shotgun’’ (le fusil de chasse). Son tempérament de guerrière la pousse à défier ses rivales sur leurs terres. Le 8 mai dernier, elle affronte l’invaincue Hyun-Mi Choi pour le titre mondial WBA des super-plumes, à Séoul. Les observateurs la voient gagnante, mais les juges la déclarent battue aux points. La leçon est retenue… Désormais, elle fera plus confiance à ses directs dévastateurs qu’aux juges. Lors du combat suivant, le 29 juin, le titre WBF des plumes est en jeu à Graceland, en Afrique du Sud. La star locale, Gabisile Tshabalala, invaincue en huit combats, est donnée favorite. Mais l’Australienne met sa rivale K.O au 7e round sur un enchaînement des deux mains, ponctué d’un crochet du gauche aux côtes. Enfin championne du monde ! Malheureusement, ‘‘Shotgun’’ n’a pas pu défendre ce titre sur blessure. Aujourd’hui rétablie, elle n’aspire qu’à le reconquérir… quitte à voyager une nouvelle fois et à défier pour la quatrième fois d’affilée une boxeuse invaincue chez les pros (Gaëlle Amand) ! L’affiche serait fabuleuse et la Ville de Cergy devrait sans doute installer un chapiteau encore plus grand. À suivre. Julien BIGORNE