À 17h37, ce vendredi 25 avril, l’Arena de Montpellier a été emportée par une grande clameur et un flot d’applaudissements ininterrompus. Au cœur de l’antre, poing levé et souriante, Clarisse Agbegnenou a triomphé. La judokate de l’Escales Argenteuil (JCEA) a conservé son titre de championne d’Europe élites en -63 kg, décroché l’an dernier à Budapest. Avec la même maestria. Si parfois, un compétiteur peut sembler tétaniser par la pression en évoluant à domicile, la protégée d’Ahcène Goudjil n’a, quant à elle, jamais tremblé. Le dixième Euro organisé en France depuis 1952 a été le sien. Et le public l’a porté jusqu’au bout dans son effort. Lauréate du tournoi de Paris et pilier de l’équipe du JCEA vice-championne de France 1ère division en mars dernier, Clarisse a de nouveau montré son redoutable mélange de puissance et de stratégie, l’alliance d’un parfait kumikata avec un costume d’attaquante sereine et sûre de sa force. Il ne lui a fallu que 15 secondes pour battre en hors d’œuvre la Grecque Elisavet Teltsidou. Puis l’Italienne Gwend n’a jamais réussi à lui infliger la moindre pénalité durant les quatre minutes de rondori. L’Argenteuillaise filait ainsi vers la demi-finale sur waza-ari pour retrouver son éternelle rivale hollandaise Anicka Van Emden.

Ippon magistral contre Van Emden

«En 2011, elle perdait d’un yuko face à sa rivale au deuxième tour des Mondiaux. Ici, elle a réussi à s’imposer pour la quatrième fois d’affilée contre la médaillée de bronze des Mondiaux. Un succès scellé par un ippon à 15 secondes de la fin, alors qu’elle menait déjà d’un yuko», savoure son entraîneur Ahcène Goudjil. Restait la grande finale. La représentante de l’Escales Argenteuil aurait sans doute préféré rencontrer Yarden Gerbi, pour une revanche des Mondiaux 2013. Mais l’Israélienne a chuté d’entrée contre l’épatante polonaise Agata Ozdoba. C’est donc une outsider du haut de tableau, fille en forme du moment, qui s’est dressée face à la Valdoisienne : Tina Trstenjak.

Patiente face à Trstenjak

La Slovène, médaillée de bronze l’an dernier, avait réalisé un quasi sans-faute cette saison, en étant championne nationale et en s’imposant sur les Open de Rome et de Sofia. La prudence était donc de mise. Finalement, Clarisse a pris son adversaire à son propre piège pour s’imposer par yuko. Dominatrice sur le kumikata, la désormais double championne d’Europe des -63 kg a été plus patiente que sa rivale, qui était parvenue à battre Trajdos et Ozdoba à l’usure.

Désormais, la chef de file du JCEA et sportive de haut niveau de la Gendarmerie nationale n’a que deux rêves : décrocher son premier titre par équipes et être championne du monde pour la première fois en août prochain à Chelyabinsk, en Russie. Le premier objectif se jouera dimanche prochain. Julien BIGORNE 

Bio express de Clarisse Agbegnenou

Née le 25 octobre 1992 à Rennes. Sportive de haut niveau sous contrat avec la Gendarmerie nationale.

Rejoint le Judo Club Escales Argenteuil en 2009.

Palmarès (individuel) : vice-championne du monde 2013 ; championne d’Europe 2013 et 2014 ; trois fois championne de France 1ère division. ; lauréate du Grand Slam de Paris 2013 et 2014 ; victorieuse de la Coupe Kano à Tokyo en 2010.

Palmarès (par équipes) : 3e des Mondiaux 2013 ; vice-championne d’Europe 2012 et 2013 ; vice-championne de France 1ère division 2014.

Palmarès (en catégories jeunes) : 3e des Mondiaux juniors 2011 ; championne de France juniors 2009 et 2010 ; championne d’Europe cadettes 2008.

Synthèse réalisée par Julien BIGORNE 

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