Laurine Lecavelier : «J’ai toujours été casse-cou…»

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Laurine Lecavelier : «Je ne réaliserai peut-être pas une carrière aussi longue que Brian Joubert, mais je compte bien participer aux J.O. de 2018 et décrocher des médailles internationales encore quelques années». Photo : www.iskating.net

Sélectionnée en tant que remplaçante aux Jeux Olympiques de Sotchi, la patineuse du Club des Sports de Glace de Garges, Laurine Lecavelier défendra son titre de championne de France juniors à Wasquehal le 1er mars prochain. À un mois de cet événement, la protégée de Katia Lemaire nous a raconté sa longue ascension vers le haut niveau.

Sportspassion 95 : vous ressenti en voyant votre nom sur la liste, en tant que remplaçante de Maé Bérénice Meité ?

Laurine Lecavelier : C’était une grande fierté et la récompense de plus de dix ans de travail. Mais j’ai prié pour que Maé Bérénice ne se blesse pas ! Aller à Sotchi aurait été prématuré, car je n’ai pas encore tous les atouts pour rivaliser avec des patineuses qui ont dix d’expérience et des programmes artistiquement très rôdés.

Vous avez dit patiner depuis plus de dix ans. Comment est née votre passion pour le patinage ?

– En vacances d’hiver, vers l’âge de cinq ans. J’ai découvert la glisse en centre de loisir et ça m’a tout de suite plu. Ayant toujours été casse-cou, je n’avais pas peur de tomber. C’était un bon point pour débuter. Mes parents m’ont inscrite au CSG Garges, le club le plus proche de notre domicile. Ce choix a été judicieux, car j’ai rapidement intégré le groupe de détection de Katia Lemaire et augmenté mes horaires d’entraînement pour découvrir la compétition. Mon arrière grand-père (Pierre Lépine) a joué un grand rôle à mes débuts en m’accompagnant à la patinoire. Sans lui, je n’aurai pas pu me consacrer pleinement à cette nouvelle passion.

En élites à 13 ans

Quels souvenirs gardez-vous de votre première compétition ?

– C’était à la ‘‘Coupe de Garges’’. J’avais sept ans et j’étais le seul jeune talent à patiner. Une expérience stressante mais décisive. Je n’avais pas peur en tout cas de concourir. Mais au début, j’étais plutôt dans les dernières places du classement. Peu de gens auraient parié sur mes capacités à devenir une championne.

À l’âge de 13 ans, en 2010, vous vous qualifiez déjà pour les Championnats de France élites. Qu’est-ce qui vous a permis de réaliser cette prouesse ?

– À l’entraînement, j’ai réalisé pour la première fois un triple saut. J’étais très bonne en technique grâce à une belle détente et à mon goût pour les sauts. Ça me permettait d’assurer un bon score sur l’une des deux notes. Mais en artistique, il m’a fallu de la persévérance pour rivaliser avec les meilleures patineuses. J’ai beaucoup travaillé les choix de musique, les costumes et les pas de danse.

Gestion du stress

Dès 2011, vous êtes vice-championne de France junior. Quel a été le déclic ?

– La gestion du stress ! Quelques jours plus tôt, j’avais raté mes ‘‘France novice’’, en finissant sixième alors que j’avais le statut de favorite. Mais cette fois-là, je n’étais pas attendue et je n’avais pas de pression. J’ai donc patiné libérée alors que les autres filles ont commis des erreurs. Ça a fait la différence.

Cette médaille d’argent vous a ouvert les portes des compétitions internationales. Quels ont été vos moments marquants ?

– À Bled, en Slovénie, et à Oberstdorf, en Allemagne, j’ai réalisé un sans faute sur le programme court. À Minsk, en Biélorussie, j’ai battu mon record sur le programme long. J’ai aussi appris à bien patiner en étant diminué. Au Grand Prix de Courchevel, par exemple, j’ai eu une angine que je ne pouvais pas soigner avec du Doliprane (NDLR : certaines molécules étant considérées comme dopantes). J’ai concouru avec 40 de fièvre ! Et aux Championnats d’Europe, je souffrais d’une bursite et d’une tendinite, mais j’ai réalisé l’un de mes meilleures prestations sur le court. Ce sont des expériences qui m’ont fait mûrir.

«Je n’ai pas peur de faire des sacrifices»

Actuellement, vous entraînez-vous en Pôle ?

– Non. Je continue de m’entraîner avec Katia Lemaire à la patinoire de Garges et parfois à celles de Cergy et de Courbevoie. Je suis élève dans un lycée, qui m’accorde des horaires un peu plus souples. Je quitte les cours une heure plus tôt. Je rattrape ensuite mes absences (journalières et en période de compétition) après les entraînements et pendant les vacances.

Ce rythme infernal n’est-il pas trop usant ?

– Concilier les entraînements et l’école n’est pas toujours simple. Mais le patinage est pour moi une école de vie, qui m’a apporté rigueur et maturité. Je n’ai pas peur de faire des sacrifices pour vivre pleinement cette passion et être compétitrice à haut niveau.

Songez-vous à une carrière longue comme Brian Joubert ?

– Je ne suis pas sûr de garder la même envie aussi longtemps. Mais je souhaite participer aux Jeux Olympiques de 2018 et continuer à décrocher des médailles internationales encore quelques années. Je vais aussi poursuivre des études pour devenir orthophoniste. Ce sera mon autre projet de vie. Propos recueillis par Julien BIGORNE